De qui se moque-t-on?
On a déjà évoqué à différentes reprises le saccage, organisé par la Direction générale opérationnelle de la Mobilité et des Voies hydrauliques du SPW, des boisements garnissant jusque là les bermes latérales ou centrales des autoroutes et autres routes à 4 bandes. Cette désintégration paysagère est manifestement poursuivie avec la bénédiction des administrations chargées des forêts, de la nature et du paysage…
Aujourd’hui en effet, le SPW – Mobilité communique suite à la signature d’un protocole dénommé « Protocole d’accord inter-directions opérationnelles (DGO1, DGO3, DGO4 [1]) concernant la gestion des abords boisés des bermes centrales et latérales pour la période 2017-2020 » et dont le contexte est pompeusement présenté comme suit : « Une gestion raisonnée et durable du patrimoine paysager (sic !!) le long des routes alliant les enjeux environnementaux (re-sic !!), l’équilibre des coûts de gestion, le confort et la sécurité des usagers et des agents, stimule l’image de marque de la Wallonie et son développement économique ». Tout cela fait suite notamment à l’organisation de 2 groupes de travail « Politique globale du cycle de vie de l’arbre d’alignement » et « Politique globale du cycle de vie de plantations ligneuses en bermes et terre-pleins »…Cela laisse songeur…
Mais que reste-t-il donc à gérer maintenant que tout a été (et est toujours un peu partout) massacré radicalement (500 à 700 mètres par jour multipliés par plusieurs chantiers) et transformé en copeaux (100 m³ par heure et par chantier) destinés au chauffage et donc contribuant à accroître la quantité de gaz à effet de serre envoyés dans l’atmosphère ?
Et pourquoi cette éradication sans limite ?
Si on en croit la porte-parole du SPW – Mobilité : « En cas de tempête, par exemple, ils (les arbres) peuvent[2] tomber sur la chaussée et provoquer de graves accidents. Les feuilles au sol peuvent aussi rendre la route glissante ou boucher les avaloirs et provoquer de l’aquaplanage. Par ailleurs, les feuilles peuvent masquer les panneaux indicateurs et réduire l’éclairage public. Il était donc temps d’intervenir« .
La presse, qui souvent farfouille pour objectiver les informations qu’elle reçoit, a avalé ici toutes les couleuvres libérées par le SPW – Mobilité sans le moindre état d’âme et les a régurgitées telles quelles auprès du public sans la moindre analyse critique, réservée sans doute à des sujets plus sérieux. Combien par exemple recense-t-on d’accidents graves provoqués par les événements listés ci-avant ? Mystère ! Autant on les imagine facilement sur les routes à deux voies de circulation traversant une forêt, autant ici le danger d’accident grave est ailleurs. Notamment dans des collisions avec des animaux sauvages. Maintenant qu’il n’y a plus d’arbres, on peut se rendre compte de l’état lamentable des clôtures censées empêcher ces animaux de circuler sur la route … Des arbres de belle taille ont poussé au travers des mailles des clôtures et il serait donc en effet temps, et utile cette fois, d’intervenir à ce niveau !
Si les enjeux paysagers n’ont manifestement pas été pris en considération (on cherche vainement des nuances dans la gestion actuelle), les enjeux environnementaux non plus.
Le principal alibi environnemental réside dans le fait que ces opérations d’envergure se déroulent principalement en hiver, avant la période de nidification, pour réduire l’impact de l’abattage sur les oiseaux. On permet aux oiseaux de se reproduire, puis on élimine systématiquement tout ce qui pourrait encore ensuite leur servir de lieu de reproduction, de gite et de couvert… On sauve donc une génération, puis on hypothèque toutes les suivantes…
Par ailleurs on nous a suffisamment bassiné les oreilles ces dernières années avec le rôle de stockage du carbone (puits de carbone) par les arbres, pour ne pas comprendre l’impact considérable de ces opérations « d’entretien » sur le bilan wallon. Quant à leur rôle d’écran vis-à-vis des fumées, des particules, de bruit, du vent, etc…et de confort vis-à-vis des usagers (ce qui a largement été démontré par ailleurs), on n’a visiblement pas non plus cherché à approfondir la question !
La motivation profonde de ces « entretiens » semble donc ailleurs : renflouement des caisses de la Wallonie ? Relance de la filière du chauffage au bois en économisant les forêts gérées de façon plus durable ? Haine des arbres ? Rentabilisation de coûteuses machines ? Besoin de montrer qu’on est là ? Qu’on agit ?….
[1] Respectivement chargées « des routes », « des forêts et de la Nature » et de « l’aménagement du territoire et du paysage »
[2] C’est nous qui soulignons
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